samedi 4 octobre 2014

Du Cocher au coucher (retour au ciel profond!)

Carnet de voyage astronomique

Cocher and co





Date d'observation: Nuit du 3 au 4 octobre 2014

Heures TU: 23h - 3h

Lieu: Champ dans les environs d'Auffargis (78)

Météo: Ciel totalement dégagé, T° 12 degrés environ, humidité au sol, pas de vent.

Pollution lumineuse: Faible (relatif à la région), deux halos lointains sur l'horizon à l'Est et au Sud-ouest. Le Nord est barré par des arbres.



Instrument: Dobson 12", F5 ; oculaires 24mm (62x) ; 17mm (88x) ; 13mm (115x) ; 8mm (187x)





Introduction...




Après deux sorties dédiées aux astérismes (et au Top CROA de Zaurel et Dédé), j'étais en quête de ciel profond. Chose que je n'avais effectuée depuis les NAT en mai dernier. La semaine passée, une première tentative avait échoué sous les nuages. Cette nuit était donc la bonne. Le matériel était chargé en soirée dans la voiture afin de pallier toute fatigue ou mauvaise raison pour se décourager mais aussi pour permettre au miroir de se mettre en température.



Les miroirs venaient d'être nettoyés, l'alignement optique affiné, tout était près.



La lune étant présente je décidais de sortir tardivement en espérant assister à son coucher. Elle offrait pourtant de beaux dessins en perspective mais ma soif de ciel profond était plus forte.



23h TU, je suis installé dans le champ, la lune à l'Ouest décline inexorablement. Mais elle arrose encore une bonne partie du ciel. Je vise donc, à l'oeil, la constellation dont les étoiles ressortent le plus. Persée tient tête à Auriga, le Cocher. Mais cette première a été visitée lors des derniers CROAs. Je délaisse la nébulosité formée par le Double amas pour cibler le royaume de Capella. Ses soeurs sont bien visibles et je sais qu'il y traine quelques amas ouverts intéressants, en attendant que le ciel s'assombrissent.



Le Cocher au peigne fin…



Une tendance s'affirme peu à peu dans ma méthodologie, il s'agit pour moi de fouiller au maximum la première constellation que je cible. Ici Auriga. Cela me permet de partir à la recherche d'objets peu mis en avant, tout en passant par les classiques s'il en est.

Pour cela, et par manque de préparation antérieure, j'ouvre le PSA et examine ce qu'il recense. L'heure n'étant pas aux galaxies ni aux nébuleuses, je cible naturellement les amas ouverts et débute par NGC1664 (non non pas la boisson :D). Il se situe à presque 2° de l'étoile "ℇ" en s'éloignant perpendiculairement de l'axe formé par les étoiles Capella et "Ƞ". Je l'observe à 62x. Son centre retient mon attention rapidement. Si les étoiles ne sont pas éclatantes, une forme de losange se détache parmi les plus brillantes. L'une d'entre elle flotte au centre. Trois des arrêtes du losange voient des "bras" s'en éloigner. Je dénombre une quarantaine d'étoiles faibles. Je ne cherche pas à grossir plus pour éviter de tasser l'amas dans le champ de l'oculaire (68°). S'il n'est pas le plus marquant, j'ai trouvé l'ensemble agréable à observer.

En prolongeant la ligne imaginaire qui m'a conduit à cet amas, je déloge NGC1582 (qui appartient finalement à Persée, à la frontière ^^). Il est plus ouvert que le NGC1664 et ses étoiles plus brillantes. Une trentaine d'étoiles forment un cercle irrégulier dans le champ du 24mm. 20 autres étoiles plus faibles participent au spectacle. Mais une douzaine d'étoiles plus marquantes dessinent une ligne sinueuse serpentant d'un bord à l'autre du cercle sus-cité.



Je décide ensuite de rendre visite à Capella et chausse divers oculaires, mais c'est au 24mm que j'obtiens la plus belle vue. Un dessin aurait mérité d'immortaliser cela car Capella et ses aigrettes se mariaient admirablement dans le champ d'étoiles plus faibles. Mais ma faim d'objets m'en écarta. Capella m'apparut légèrement plus "jaune" que ses compagnons.

Je tente de résoudre l'étoile double "Ɵ", située entre Menkalinan et Elnath. Dès le 24mm deux petits compagnons, très faibles, sont présents mais déjà trop écartés à mon goût. Je pousse alors jusqu'à 184x sans jamais voir un autre point apparaître aux abords de l'étoile "Ɵ". A ce grossissement l'étoile n'est pas ponctuelle et si ma collim' semble bonne, le miroir secondaire n'a peut-être pas été aussi bien remis en place… Je n'insiste pas plus.



Dans mon dos la lune décrit lentement sa courbe descendante, mais est encore bien présente. Je tente cependant de dénicher - sans succès - IC2149, une nébuleuse planétaire située 1° au-dessus de l'étoile Menkalinan, à droite de l'étoile "". Je pars à la recherche de Cr62 ensuite, que je ne suis pas certain de débusquer. Il y a bien quelques groupements d'étoiles qui pourraient être apparentés à des amas ouverts, mais rien de bien marquant dans la portion de ciel que je traverse. Cr62 se trouve à l'intérieur de la constellation dans le prolongement des étoiles "ζ" et "Ƞ", à 3° de cette dernière. J'échoue également sur la nébuleuse située au niveau de IC405: Flamming Nebula Star.



La lune étant encore handicapante, je me tourne vers trois classiques du Cocher:



M37 tout d'abord. Je le trouve assez facilement en dessinant mentalement un triangle aplati avec les étoiles "Ɵ" et Elnath, à l'extérieur de la constellation. L'amas apparaît tout de suite saisissant par le fourmillement d'étoiles qui comble son éclat modéré. Une sensation vertigineuse me traverse à sa vue. Mais très vite celui-ci s'amenuise jusqu'au point de devenir difficile à percevoir… je lève l'oeil de l'oculaire, pas de nuage, pas de buée sur le secondaire, curieux… j'y retourne, plus moyen de le localiser! Je finis par voir la buée sur l'oculaire. Commence alors une séance qui deviendra récurrente pour le reste de la soirée: le ballet des résistances chauffantes tour à tour sur les oculaires et le secondaire. Une fois le contraste retrouvé, je profite à plein bâtonnets du spectacle qui m'est donné de voir. Je ne pousserai pas à plus de 115x. Une étoile centrale, peut-être étrangère à l'amas, m'apparaît plus ocre que les autres. Au 13mm, l'amas se contorsionne dans le champ de l'oculaire mais révèle d'autres étoiles quand certaines gagnent en charisme.



M36, ensuite, parait plus fade en comparaison. Pendant ce temps, la lune est passée derrière une ligne d'arbres, le ciel se pare déjà d'une nouvelle quantité d'étoiles. Je compte une cinquantaine d'étoiles "principales" et passe rapidement à M38. Ce dernier fait le lien en M37 et M36. Un satellite passe aux abords de l'amas tandis que je l'observe. M38 reste agréable jusqu'à 88x.



C'est ainsi que se termine ma visite du Cocher. J'y reviendrai une nuit en guise de défi pour y dénicher les quelques nébuleuses, si cela est possible avec mon instrument.



Un petit tour du ciel…



Le ciel s'étant considérablement assombri, je prends le temps de l'examiner à l'oeil nu. Le double amas de Persée est bien localisable, tout comme la galaxie d'Andromède. Les constellations se sont parées de toutes leurs étoiles principales mais plus encore de nombreuses secondaires, il devient plus aisé de cibler les objets. Le bal des nébuleuses et des galaxies devrait donc débuter. C'est en admirant les Pléiades, les Hyades et Orion que me vient l'envie d'examiner ce qui traine dans le Taureau via le PSA.



M1! La nébuleuse du crabe! Rémanent de super novae dont l'explosion avait pu être observé en 1054 par les astronomes chinois. D'une symbolique forte, c'est avec plaisir et enthousiasme que je pointe pour la première fois cet objet. Je le trouve rapidement aux abords de l'étoile "ζ" du Taureau, sous Elnath du Cocher. La nébulosité est évidente au 24mm et plus encore au 17mm. Mais je ne parviens à sortir aucun réel détail. Plus j'observe et plus la nébulosité semble se mouvoir selon que j'observe en vision décalée ou que je cligne de l'oeil, plus encore avec d'autres grossissements et les filtres OIII et UHC. C'est une petite déception. Il faudra que je la tente sous un meilleur ciel mais la crainte est présente d'avoir déréglé le secondaire en l'ayant démonté (pour le nettoyer et plus encore pour le présenter sur le futur télescope de voyage que je construis). Il n'en reste pas moins très agréable d'avoir ciblé cet objet!



A présent la constellation du Poisson que je guettais de l'oeil est bien visible sous Pégase et c'est peut-être la première, sous mon ciel "local" que je l'observe à l'oeil nu avec tant de "facilité". Il m'est alors aisé de dénicher Uranus, que je n'avais encore jamais ciblée! Au 24mm c'est un étoile trop épaisse pour n'être qu'une étoile. Je grossirai jusqu'à 374x ( 8mm+ lentille de Barlow x2). Uranus reste un petit cercle pale, pas tout à fait blanc mais sans être bleu non plus. Je sens la fatigue m'envahir et je la perds de vue avant de grossir plus encore avec le Pentax 5mm et la barlow.

D'un coup d'un seul, je me sens vide de toute énergie et malgré la chaise réglable qui m'apporte un confort indéniable depuis quelques sorties, je redoute de ne plus parvenir à me concentrer suffisemment tandis que l'étape des galaxies approche.



C'est toujours dans le Poisson que je découvre M74 en remontant de l'étoile Alrescha vers l'étoile "Ƞ". La galaxie spirale se trouve à gauche, à 1° de cette dernière. Une tâche floue est bien visible dès le 24mm et le coeur plus lumineux s'affirme de 88 à 115x. Une fois le coeur défini, je cherche à déloger les contours de cette galaxie mais je suis alors incapable d'en définir la forme, j'imagine alors que je la vois de "face", ce que me confirmera une recherche sur le net.



Pour le plaisir je passe ensuite à M33, dans le Triangle, en remontant le long du Poisson. Au 24mm la nébuleuse est évidente bien que timide, de plus je me sens incapable de rester concentrer. Je chausserai le 17 et le 13mm mais n'obtiendrai pas de détail. Je n'arrive plus à m'appliquer en vision décalée, j'ai l'impression que la galaxie danse à mesure que je cherche à la préciser. J'essaie de me faire plaisir ensuite avec M31, si je n'obtiens pas de détails pour les même raisons, le spectacle est toujours aussi impressionnant.



La sortie est déjà terminée, tout du moins en terme de performance, mais je ne peux m'empêcher de plonger dans M42, la nébuleuse d'Orion, magnifique. A l'oculaire, du 24 au 13mm sans filtre, la nébuleuse offre un étendue moindre mais bien plus détaillée qu'avec l'UHC ou l'OIII. Des nuances filandreuses encadrent les sept étoiles principales. De part et d'autre, la nébuleuse s'étend sur un front circulaire s'amincissant. D'un côté et de l'autre, deux ilots nébuleux sont frappants, l'un devant appartenir à M42 et l'autre à M43. Lorsque j'alterne les filtres, la nébulosité prend ses aises et s'étend bien plus mais je perds en détails. Les méandres filandreux s'estompent. De mémoire, sous ce ciel, et sans filtre, je n'avais jamais obtenu tant de détails. Mais ceci n'égale pas la vision magique lors des RAAGSO5, le spectacle était alors époustouflant et j'ai encore en tête les onomatopées de mes voisins astrams qui avaient tous tourné leur tubes vers cet objet impressionnant et inquiétant. Si je me souviens bien, Rigel33 avait lancé l'annonce du levé d'Orion cette nuit là. Bref, ici, "chez moi", la vision demeure notable comparée à mes autres sorties de ces deux dernières années.



Ce spectacle me fit penser qu'un nouvel élan me permettrait de poursuivre la nuit mais en échouant à localiser M78, une nébuleuse diffuse située quelques degrés au-dessus de la ceinture d'Orion je sus que c'en était fini.





Conclusion...




Physiquement et mentalement rincé, je pliai alors le tout pour rentrer me coucher… Ce retour au ciel profond aurait mérité une meilleure forme de ma part, et si je n'ai pas forcément eu un oeil de qualité ce soir, j'ai tout de même pris un plaisir certain. L'idée de "fouiller" au maximum une première constellation avant de voyager au hasard m'a plu. Cela permet de tenter des objets inconnus (pour moi) et d'avoir ce sentiment d'exploration rassasié avant d'attaquer des choses plus "communes". Cela me donne même une idée de conception de CROAs dédiés à cette démarche. Une sorte de thématique. Je verrai : ).



Au-delà de cette réflexion, j'avais pensé dans un premier temps à donner plus de détails techniques sur le objets observés, soit dans le récit même, soit en annexe à la fin. Mais cela dénaturerait un peu l'ambiance qui s'est installée au fil du récit et me ressemble peut-être peu. J'ai tenté d'apporter des précisions tout en gardant le style et le ressentis de mon observation. Je trouve important de garder l'enthousiasme et les sensations ressenties sur le terrain, ce côté amateur qui prime avant le reste, me semble-t-il…



Voilà, en espérant vous avoir fait voyager un petit peu.



Oeil noir.





Du Cocher au coucher (retour au ciel profond!)

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