mercredi 1 octobre 2014

Le hibou et la chanterelle du Champ du Feu

Entre la météo pourrie de ces derniers mois et la construction de mon T500, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour observer. En 16 ans de pratique de l’astronomie amateur, c’est la première fois que je n’ai rien observé du tout les mois de juillet et août! J’attendais donc la soirée de vendredi dernier avec impatience. C’était aussi l’occasion de retrouver le Champ du Feu et mes quelques potes astronomes de la région.



La journée le ciel n’était pas d’un bleu très profond, signe d’une légère brume. Une fois le ciel bien noir, vers 21h, la Voie Lactée est bien visible. Le ciel est donc bon, mais il est perfectible car j’ai déjà vu mieux ici. Il n’y a pas de vent, l’humidité est modérée mais bien présente, et la température minimale de 8°C.



Je suis arrivé un peu avant le coucher du Soleil, qui ne m’a pas offert de beau spectacle comme cela est déjà arrivé au Champ du Feu, à cause de la disposition des brumes et nuages au raz de l’horizon. Un fin croissant de Lune est visible au raz de l’horizon. Thierry Demange et d’autres astrophotographes sont installés plus bas. D’autres personnes dont des membres de Webastro viendront petit à petit, dont Damien (*). Il y a eu ce soit là entre 15 et 20 astronomes là-haut!



Je n’ai pas emmené mes gros instruments (T250 ou 300), car l’aluminure est sérieusement ternie, il faudrait la refaire. La lunette Vixen 120/800 était donc de la partie. A noter que je n’ai que très rarement fait du ciel profond avec cette lunette, cette soirée était l’occasion de montrer ce qu’elle peut donner en ciel profond ! La monture SP a été mise en station à l’aide du viseur polaire, afin de pouvoir utiliser les cercles de coordonnées pour trouver Uranus et Neptune (les calculs ont été effectués à l’avance, pour les retrouver à partir de alpha Pegasi). Les oculaires utilisés sont des Baader eudiascopiques (35, 25 et 3,8 mm), des orthoscopiques (18 et 6 mm), ainsi qu’un plössl Televue (8 mm). J’ai également installé, sur la table en dur disponible, un appareil photo argentique (diapositives) monté sur le support motorisé Nanotracker et un trépied de table, pour faire des photos des constellations pendant que j’observe. Mais ce n’est pas pratique, il faut sans cesse surveiller l’horizon Sud car les avions sont vraiment trop nombreux. Vivement une prochaine éruption en Islande!



Côté observations, les choses commencent vers 21h. Les constellations du ciel d’été sont encore bien placées, c’est le moment pour effectuer une rapide séance de rattrapage! Je commence par Albiréo. C’est un beau spectacle à 23X (2,1° de champ!), tout le champ est piqueté de petites étoiles. A noter que je vois l’une des étoiles de couleur verte, alors que d’autres la voient bleu. S’en est suivie une discussion sur le sujet, avec les membres de Webastro présents. Ensuite c’est le tour de M13, qui montre déjà une périphérie bien granuleuse à 23X. A 100X, plusieurs dizaines d’étoiles sont résolues et le centre est granuleux. Même si çà ne vaut pas la vision au T300, le spectacle est quand même fascinant. Je n’ai pas vu la petite galaxie NGC en balayant le champ, mais je n’ai pas cherché d’avantage. Ensuite, c’est au tour de M57, qui offre une belle vision facile à 100X. L’étoile de magnitude 13 à côté est visible en vision décalée. J’aurais sûrement pu grossir d’avantage, mais la suite m’attend!



Je monte le filtre OIII et je m’attaque aux Dentelles du Cygne. Habitué à les voir aux T250 et T300, et obnubilé de la vision que j’en avais eu au même endroit une dizaine d’année plus tôt (la qualité du ciel s’est dégradée et avec le temps j’ai peut-être idéalisé la vision que j’en avais eue), j’ai été déçu. Peut-être un fin nuage ou brume au mauvais endroit et mauvais moment? Chacune des parties demeurait assez faible. De nombreux détails étaient visibles, mais uniquement en vision décalée et en limite de visibilité. C’est vrai que c’est agréable d’avoir plus de 2° de champ sur une telle nébuleuse, mais là c’était quand même la douche froide, le rappel à l’ordre de la physique que ma lunette ne peut pas donner plus qu’elle ne le peut!



Maintenant, place au ciel d’automne! La galaxie NGC 7331, astre que j’aime beaucoup, m’a fait des misères. Elle s’est bien cachée car j’ai mis un temps fou à la trouver! J’étais tellement occupé à la chercher que je n’ai pas pu bavarder avec les copains. Je m'en excuse. A 23X elle demeure très petite et très faible, j’ai sans doute balayé son champ sans l’apercevoir. A 44X elle est magnifique quoique encore faible. Sa forme de spirale vue par la tranche est bien visible, avec le noyau plus brillant que les extensions. Une deuxième fois, les lois de la physique me rappellent à l’ordre, rechercher des galaxies encore plus lointaines va s’avérer plus compliqué que prévu, et il va falloir faire vite, car de la buée commence doucement mais sûrement à se former sur l’objectif!



Je fais subitement virer la lunette dans la direction opposée. Ce voyage à une vitesse super-lumineuse me ramène tout près, à une dizaine de millions d’années-lumière seulement : les galaxies M81 et M82 de la Grande Ourse. Elles sont bien visibles à 32X d’un seul coup d’œil. En observant attentivement, des irrégularités dans la structure de M82 apparaissent timidement. Ces galaxies, c’est le doublet gagnant car elles sont toujours visibles quelque soit la qualité du ciel. Et elles sont toujours magnifiques quelque soit le diamètre de l’instrument, si le ciel est bon.

Retour vers le ciel d’automne. Prochaine cible : la nébuleuse Helix. Elle est rapidement trouvé grâce au grand champ et au filtre OIII. Le ciel au-dessus de l’horizon Sud-Est devait être bon car elle est relativement brillante. L’anneau est difficile à voir, mais apparait de temps en temps, et sa vision est confirmée par d’autres observateurs (*). La fatigue aidant, ainsi que mes activités de la journée (recherche de champignons dans le massif du Champ du Feu), j’ai cru voir une chanterelle jaune (sans la couleur jaune) vue de dessus! Cette limite floue entre le bord intérieur de l’anneau et le centre de la nébuleuse était vraiment fascinante.



Le double amas de Persée commence à prendre de la hauteur, c’est le bon moment pour l’observer! A 23X l’amas est magnifique, bien que pauvre en étoile par rapport à d’autres tels que M11. Autant j’ai pu regretter le 300 sur les Dentelles et les galaxies, autant je ne regrette rien sur cet amas, le grand champ offert par la lunette est vraiment extra!

J’en profite pour jeter un œil dans le T200 (ou 250 ?) de Popov. Il me montre une nébuleuse planétaire de M33! En fait elle se situe à l’extérieur de cette galaxie, à un point qu’on croirait qu’elle n’en fait pas partie! J’en avais déjà entendu parler, mais encore jamais observée. Merci Damien pour cette découverte!



Après cette virée dans le ciel profond, il est temps de revenir dans notre bon vieux système solaire. Je pars à la recherche de Neptune, à l’aide des cercles de coordonnées. Je tombe sur quelque chose de bleu qui pourrait être Neptune, mais le grossissement est trop faible. Je passe à 133X, et, fausse alerte, c’était une petite étoile double! Le temps passe, et je me demande si je ne me suis pas trompé dans mes calculs. Dans le doute, je passe à Uranus. Et là, j’ai eu plus de chance car elle est en plein milieu du champ! A 133X, c’est une petite bille blanche très légèrement bleutée. A 211X, c’est encore mieux, même si çà permet de constater que la turbulence n’est pas faible.

Je commence à remballer car j’ai de la route à faire et que le lendemain je ne peux pas faire la grasse matinée. A 23h30, après avoir tout terminé, on entend dans la nuit des cris de hibou (ou de chouette, je ne sais pas faire la différence). Avant de repartir, je jette un dernier regard sur la Grande Galaxie d’Andromède, avec les jumelles 8X56. Elle est magnifique et étendue, elle remplit une bonne partie du champ.





C’était une petite soirée sympathique avec un beau ciel. Dans de telles conditions, un instrument de « petit diamètre » permet de découvrir énormément de choses, et n’est pas cantonné aux grands classiques du catalogue Messier. Il frustrera sur certaines cibles si on est habitués à un plus grand diamètre, mais sur d’autres il fera des merveilles grâce à son champ plus important.





(*) Je me souviens des têtes, mais entre les noms et les pseudos ce n’est pas évident, surtout que je ne les vois pas très souvent! On pourrait faire un post avec les photos de chacun et une petite description (matériel utilisé, centre d’intérêt)?





Le hibou et la chanterelle du Champ du Feu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire