lundi 28 avril 2014

Entre les monts du Cantal et les volcans d'Auvergne

«*Et pourtant*», voici le fil conducteur de cette belle page cantalienne entre les monts et les volcans, sur terre comme dans le ciel.

> Jupiter et la tache rouge

Entre deux nuages, nous avons pu observer Jupiter en tout début de soirée. Ce fut un beau challenge car elle n’apparaissait même plus à l’œil nu comme perdu à travers un voile, l’insolente s’en allait.

Et bien malgré cette insolence, nous la fixions à travers l’oculaire, bien pâlotte, puis nous la perdions à G350, revenions à un grossissement plus modeste, la reperdions…

Nous avons joué comme cela au chat et à la souris une bonne demi-heure et inéluctablement, nous avons perdu. Bien plus qu’un jeu, nous avons perdu la soirée, le voile se transformant en gros cumulus et le ciel se bâchant. Je descendais la pointe du dobson vers le sol, comme s’il tirait sa révérence, vaincu.

Et pourtant, derrière ce voile, c’est bien Gérard qui repéra cette curiosité. La tâche rouge était affublée d’une ombre, pointe noire d’encre saisissante au sein de cet œil. Après recherche, il s’agissait bien du passage de l’ombre de Callisto, lune qui se trouvait en périphérie en bas à gauche, assez éloignée du globe jovien. Ne sommes nous pas loin de l’opposition*?


> Mars

Ce ne fut pas la principale attraction, l’ayant bien observée durant la semaine de pleine lune lors du passage de l’anticyclone.

Je la pointais seulement pour vérifier, quantifier l’état du ciel. Mon fils était pourtant pressant, tant de légendes, de dessins tournoyaient dans sa mémoire encore intacte. Il la découvrit comme un enfant explorant un nouveau monde*: sa couleur sauta aux yeux mais bien vite, ses yeux affutés remarquèrent très vite la calotte polaire et certains nuages orographiques. Après un sérieux questionnement du papa anxieux qui veut tout montrer, il reconnut les principales formations alors présentes. Ces petits bouts de continents parfois forts contrastés, parfois entremêlés, ou encore de subtils mélanges d’ocres.

Et pourtant, mercredi soir fut une belle surprise que je pris tout d’abord pour Olympus Mons recouvert de nuages accrochant son vaste sommet. Grave erreur, car il s’agit d’une autre formation encore ignorée, apparemment volcanique. Deux autres petites formations brunâtres l’entouraient. Tous ne l’ont pas vue, mais nous étions au moins deux observateurs à vouloir le confirmer.

Ces nuages orographiques, tout de même, voilà bien un sujet que la photo a du mal à rendre tant ils sont contrastés et où le dessin peut en prendre le pas. Mais je ne sais pas encore.


> Saturne

La dernière fois que j’avais pointé le dobson si bas, c’était au Maroc pour observer le géant du ciel, Oméga du Centaure.

Gérard me dit qu’il ne peut pas la pointer car trop basse. Mon fils insiste et voilà l’instrument qui vire dangereusement vers le sol*: je m’attends à tout moment à ce que le miroir bascule contre les cales de sécurité mais il resta bien à la verticale, comme fier de son allure. Alors le fiston s’installa quasi accroupi puis ne dit rien. Pendant de longues minutes il ne dit rien puis relevant la tête «*c’est bien ma planète préférée*».

> M3


Difficile de revenir vers un amas quand on a observé Oméga. M13 paraît en être une pâle copie, un univers subtile, presque hors de portée si on le compare.

Honnêtement, M13, bien qu’intéressant ne m’a jamais renversé de bonheur.

On retire une dizaine et on y arrive en repérant Alkaïd dans la Grande Ourse. On trace une droite vers le bas, il est à un bon tiers légèrement à droite. Il claque*: très lumineux, il paraît bien plus affuté qu’Hercule. J’ai une nette impression que l’ensemble est bien résolu (à G175 – Ethos 10). Je suis enfin réconcilié avec les amas de l’hémisphère nord. A G350 (Nagler 5), la périphérie s’éteint mais il reste encore fort intéressant*: les étoiles en son centre montrent des ilots, parfois en grappe, parfois laissant paraître un vide stellaire. J’y reviendrais certainement pour le dessiner.


> C2012/machin truc :La comète Panstar

Ce fut la surprise du Chef Gérard. Peu évidente à pointer sans repère, une fois trouvée, on distingue une vague pâleur avec un noyau assez défini.

Et pourtant, quelle ne fut pas ma consternation quand rien d’autre ne se dessinait alors que dans le drakkar noir, un départ de queue était évident.

Mais grossis donc*!!!! Alors on multiplie par deux, comme vexé et effectivement, la belle chevelue prend une autre tournure*: sur les deux soirées où elle a été observée, une chevelure évidente partant vers le nord. Lors de la seconde nuit (clarté très bonne apparemment), il m’a semblé apercevoir un dédoublement très fin sur cette chevelure. Autre chose évidente, la chevelure se sépare en deux, comme un V d’un grand écart angulaire, la seconde chevelure étant plus diaphane.


> M97

Je ne pouvais pas conclure une semaine d’observation sans une nébuleuse, c’est plus fort que moi. Et puis montrer pour la première fois un objet du ciel profond à mon fils, lui expliquer comment se forme cette entité, le pousser dans ses premiers pas vers le ciel très profond, ne s’agit-il pas d’un bon tremplin*?

Ce n’est pas une photo, il faut chercher le détail, pousser les grossissements, changer les filtres, partir à la chasse au trésor en quelque sorte.

C’est flou me dit-il en premier lieu puis se reprenant, c’est vraiment vert. Il n’est pas encore prêt pour le grand saut.

Je l’ai reprise tard dans la nuit et là aussi, c’est un sujet assez passionnant. Les yeux se dévoilent difficilement avec le filtre O3 mais aussi un dédoublement de sa couronne semble apparaitre vers le nord avec le filtre HB.

Sans filtre, par intermittence, deux étoiles semblent apparaître à l’intérieur de cette auréole.


> M51

L’un des clous du spectacle, assurément.

Quand on voit les dessins faits dans de grands instruments, devant sa mythique figure, on a bien peur d’être déçu.

Et pourtant, les quatre observateurs ont validé les bras qui étaient parfaitement visibles. Ils sont largement plus accessibles que ceux de M81 par exemple mais ce n’est pas tout.

En grossissant raisonnablement, On aperçoit des structures dans diverses parties de ses bras et là, ça m’a laissé pantois, le bec cloué. Aussi, une bande très fine rejoint le second bulbe qui lui-même part légèrement en éventail. Une bande sombre accompagne ce pont fragile qui relie les deux mondes. Le premier bulbe n’est pas évident à détailler*: au premier abord, on a du mal à partager les deux segments qui s’enroulent, l’un partant vers le second bulbe tandis que l’autre se termine par un large V vers l’est peu visible, la frontière entre le fond de ciel et sa terminaison n’est jamais bien loin.


> M100 et trio

M100 est une galaxie très touffue, assez large. Bien que contrastée sur le fond de ciel, peu de détails m’ont semblé apparaître mais je ne m’y suis peu étendu.

Le trio du Lion, tout le monde le connaît aussi*: M65/66 sera très intéressante à dessiner car il y a moyen de faire ressortir des structures et pousser le grossissement afin de vraiment les explorer.


> Amas Virgo

Une légende raconte que Dieu, éreinté par son labeur, arrivant au crépuscule du samedi soir, retourna ses poches et laissa tomber les derniers grains d’or qui lui restaient. Les grains portés par le vent se répartirent en un coin du ciel, comme orphelins. Ils restèrent à cet endroit pour l’éternité, balisant le chemin comme le petit poucet.

En n’importe quelle région, à n’importe quel grossissement, c’est la profusion*: allongées, rondes, très elliptiques, vague tâche ou encore très contrastées, voici bien une région qui me laisse perplexe par tant de beauté.

Et bien que la nuit fût fort avancée, l’enfant presque éreinté par tant de visions nouvelles fut transcendé par cette dernière découverte. Et le papa qui lui dit qu’il faut aller se coucher et l’enfant qui insiste pour lire une dernière page du somptueux roman de cet univers, et encore, jusqu’à ce qu’il cède finalement….


Voici donc cette semaine cantalienne, dont tous les pronostiques avaient annoncé pluvieuse….et pourtant*!!!!


Ce CROA sera complété de photos, voir de croquis (prises de notes) si j’ai le temps de les scanner.


En espérant que mes compagnons d’infortune (Gérard et Olivier) viendront librement compléter.


Jc





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