samedi 31 mai 2014

Une petite pour la route ...

Dans le genre des petites sorties improvisées, j’ai bien aimé celle de mercredi dernier.

J’avais prévu totalement autre chose, mais sur les coups de 21 h, surprise, le ciel semble se dégager : Je ne rêve pas, un soir de nouvelle lune, le ciel dégagé ?! Mais où est donc le disque parfait de la pleine lune qui va désormais de pair avec ce genre de ciels crépusculaires bleu profond, à peine marqué de quelques nuages ? Ni une ni deux, c’est parti, je décide de remonter la lunette encore dans sa valise de voyage, pourtant destinée à y rester un moment, au vu de la météo et des soirées sans nuit incompatibles avec le travail, et des week-end dorénavant chargés …

Rapidement sur la terrasse, je jette un œil sur les atlas, n’ayant pas le temps de trop détailler avant l’arrivée imminente de la nuit ce sera les NGC brillantes de la Vierge et de la Chevelure de Bérénice.


Mais la nuit tarde décidément beaucoup à arriver, le ciel est prometteur malgré le vent qui se lève, je me prépare donc sur Mars, d’un bel éclat orange déjà au méridien. Au Pentax, à peine 70 X, elle claque et tout de suite une marque brune contrastée, presque ponctuelle, se montre au sud de la planète. A presque 2D, à 150 X, curieusement malgré le vent l’image est encore très propre. L’orangé du disque semble moins vif que d’habitude, la calotte nord est plus discrète, moins « brillante ». La marque brune affiche bien et nettement sa forme triangulaire (Syrtis major) au nord d’une zone presque blanche, plus pâle que le disque. Par contre, plus au nord, près de la calotte je note une zone sombre moins bien définie, allongée E/O. Donc, encore pas mal de détails, et très contrastés, malgré la taille de plus en plus réduite du disque. Je décide de dessiner un souvenir encore, l’un des derniers de cette opposition.


Saturne confirme cette faible turbulence par l’une des images les plus belles que j’ai vues : globe net et immobile, bande équatoriale marquée, Cassini fine sur une bonne longueur, nuances de teintes entre les anneaux plus blancs et le disque plus jaune …Du grand spectacle pour ce petit diamètre ! Je repasse au Pentax 70 X mais les couleurs me semblent moins évidentes, tout est blanc cassé brillant. Par contre, je vois mieux 2 minuscules satellites en plus de Titan.


Mais place maintenant au clou de la soirée, le ciel profond !


Je me dirige vaillamment vers M88, pas hyper évidente à repérer. Mais comme toujours mon fidèle 28 mm avec ses 21 X donne un champ assez large pour trouver du premier coup suite à un pointage moins serré. La belle nébulosité allongée est là, et prend plus d’ampleur à 70 X. Son centre plus brillant ne m’apparaît pas ponctuel mais assez étalé. Une petite étoile de mag 11 environ trône au nord, rehaussant les extensions très diaphanes.

Pour confirmer M88, je déplace un peu le tube en direction de M91, que je n’ai pas perçue vraiment à 21 X. je perçois faiblement une petite boule grisâtre, sur laquelle je me promets de revenir après le dessin de M88 que je commence.

Hélas, bien concentré à l’oculaire, je ne vois pas tout d’abord la traîtrise arriver : les quelques nuages de début de soirée enflent, s’agglutinent sur la Vierge, comme poussés par le vent, au lieu d’être habituellement évacués !

Il est déjà trop tard pour revenir sur M91, dont je n’aurai vu que la silhouette furtive, fidèle à sa réputation d’un des plus faibles Messier.

Mon programme de galaxies de cette région semble maintenant fort compromis, l’écran opaque forcit. Je me souviens d’un globulaire un peu plus à l’est, zone encore épargnée par les nuages, NGC 5634.

Je crois d’abord à une blague car à 21 X je ne vois qu’une improbable lueur diffuse collée à une étoile. Heureusement, des grossissements plus généreux détachent et renforcent la boule qui reste très diffuse, mais plus palpable. Après coup, je verrai que c’est en fait un objet faible, que j’ai confondu avec le globulaire de la Balance, qui doit être bien plus évident.

Mais le contraste entre cette lueur très étalée et l’étoile brillante ponctuelle est étonnant !


Les nuages progressent encore vers l’est, à cet instant plus rien de la Vierge ou de la Chevelure n’est visible au sud. Seul le Scorpion commence à monter et semble épargné. Un peu forcé, je décide donc d’aller rendre visite à M4 et M80, mais ces visions n’ont pas encore la saveur de l’été. C’est un peu tôt encore pour tous ces globulaires ….D’ailleurs, M4 est encore bien bas, en petite forme, vague nuée ponctuée de 2-3 pointes lumineuses. M80 est plus saignant, mais reste même à 150 X un petit disque concentré, certes moins « stellaire » qu’à plus faible grossissement.


J’hésite alors à rentrer, mais connaissant la musique je me doute bien qu’à peine la porte refermée tout va se re-dégager. Je bouge un peu et descends de la terrasse dans le jardin, et là, toute la zone nord est encore épargnée, avec la Petite Ourse. Me vient alors à l’esprit le souvenir de l’unique galaxie de cette constellation accessible, NGC 6217, de mag 11,2.

Souvenir d’émotion, car ce fut ma première galaxie de mag supérieure à 11 observée à la lunette, de façon très difficile. Je tente quand même, je descends la lunette et le matériel dans l’herbe, et me repère grâce à un quadrilatère brillant.

Avec le Pentax XF, à 70 X, d’un coup, sans avoir besoin de m’aider de la carte de champ du Ferrero, une petite lueur très faible mais bien là, un peu allongée E/O, apparaît dans le champ. Je repère 2 étoiles proches alignées avec elle, de mag 10 environ, et je vais explorer les alentours, rien, je reviens là, la lueur se confirme ! Excellent ! Rien à voir avec la difficulté de la première fois ! Le ciel n’étant mieux je pense, je mets cela sur l’expérience mais aussi sur ce nouveau Pentax. Grosse satisfaction, que ce retour aux petites galaxies « extrêmes ».

A noter à faible grossissement la présence d’un gros astérisme brillant pas loin, esthétique mais gênant.


Fort de cette prise, Hercule étant dégagé je m’en vais tenter NGC 6207, la petite galaxie près de l’amas M13. Je fais escale sur le Magnifique, déjà poudré finement par-ci par-là au Pentax, puis je monte au Nord de M13, soit à droite dans le champ vue la configuration de ce soir (Hercule se levant à l’est). Tout d’abord, rien, nada. Puis je me souviens de ces 2 étoiles assez proches lors d’une précédent observation sous ciel parfait, la galaxie était tout près. Peu à peu, l’œil habitué à la noirceur plus loin de M13 maintenant, je devine une vague forme diffuse allongée, au-dessus de ces 2 étoiles. Une 3ème étoile donne à l’ensemble la forme du trapèze d’Hercule ! En tous cas, la galaxie émerge bien des ténèbres, je la tiens, mais elle reste plus furtive que la précédente et tout aussi difficile que lors d’une observation antérieure.


La Lyre claque de mille feux, et même s’il est tôt pour moi en saison pour elle, je me souviens d’une double souvent évoquée sur le forum, epsilon 1 et 2, chaque composante éloignée étant elle-même une double serrée. Sa réputation n’est pas usurpée, et pourtant je l’avais déjà vue sans me souvenir. La faible turbulence de ce soir permet de séparer les composantes serrées, qui restent délicatement proches et très esthétiques. Ces 2 doublets sont orientés à angle droit à peu près, je les note blancs, avec de légères variations d’éclat. Superbe image stable !


Pour le fun, je fais un détour par M57, à plusieurs grossissements, avec ou sous UHC. On ne la présente plus, elle est bien visible et assez brillante mais quand même loin d’être aussi bien définie que sur les dessins faits à des diamètre supérieurs. Mais je l’ai connue plus claquante, notamment au zénith.


Vers le zénith, justement, la Grande Ourse est encore vierge de nuage. Je saute sur le souvenir qui passe à l'instant, à savoir la petite galaxie NGC 3877 à l’honneur récemment car visitée par la comète Panstarrs. En plus, elle est très facile à repérer, quasi collée à Xi. Mais sa mag de 11 la situe quand même dans la catégorie des peu évidentes.

Et pourtant, à 70 puis 100 X, pour éloigner un peu Xi, m’apparaît par intermittences son vague fuseau très allongé, comme un pouls de photons arrivant à grand-peine de l’infini.


Et c’est sur cette lueur galactique que les nuages se referment sur ces quelques fenêtre claires, et sans regrets je rentre, tout de même heureux d’avoir pu faire de ces conditions chaotiques de belles observations, autres que celles prévues.


C’était une bonne petite sortie pour la route, car j’ai peu de perspectives pour juin, au vu de l’heure tardive d’arrivée de la nuit. Et pour rester dans la tradition, le beau temps annoncé pour ce week-end ne sera hélas pas synonyme d’observation pour moi car j’étais pris hier soir, et idem ce soir. La saison des sollicitations de part et d’autres va débuter, et comme l’an dernier cela continue d’arriver les seules nuits de beau temps ! Grrrr !!

En rentrant cette nuit, ce magnifique ciel étoilé sans lune m’a certes bien tenté, mais il était trop tard. Tant pis, j’ai bien pensé à ceux des RAP en Haute-Loire, pas très loin de chez moi, j’étais content pour eux et je me suis dit « quand même, quel bol monstrueux, une des seules nuits étoilées sans lune de l’année !! » Et cela semble en bonne voie pour ce soir, vu le vent de nord !

Cela nous promet de bien beaux CROA dans les jours qui viennent en perspective !





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